Citation :
MOSCOU (Reuters) - Les hommages, en Russie et dans le monde, se sont multipliés lundi au lendemain du décès de l'écrivain et ancien dissident Alexandre Soljenitsyne, prix Nobel de littérature.
Véritable conscience de la Russie, Soljenitsyne dénonça la tyrannie du système soviétique, notamment dans "L'Archipel du Goulag". Il a succombé à un arrêt cardiaque à son domicile proche de Moscou, à l'âge de 89 ans.
Mikhaïl Gorbatchev, dernier président de l'URSS et artisan de la "perestroïka", a rendu hommage à un "homme d'une destinée unique dont le nom restera dans l'Histoire de la Russie".
"Il a été l'un des premiers à parler ouvertement de l'inhumanité du régime de Staline et de ceux qui l'ont subie sans être brisés", a dit Gorbatchev, cité par l'agence Interfax.
Les funérailles se dérouleront mercredi au monastère Donskoï, à Moscou, et Soljenitsyne sera inhumé le jour même dans sa propriété, conformément à sa volonté, a annoncé un porte-parole de l'Eglise orthodoxe russe.
Le président russe Dmitri Medvedev et ses homologues français, Nicolas Sarkozy, et américain, George Bush, ont été parmi les premiers à envoyer leurs condoléances.
"La mort d'Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne est une lourde perte pour l'ensemble de la Russie", a écrit dans un télégramme le Premier ministre Vladimir Poutine, ancien agent du KGB, organisme auquel le défunt a dû de longues années de persécutions.
Longtemps interdit de publication, Soljenitsyne s'est fait connaître pour la première fois du grand public en 1962, grâce à Nikita Khrouchtchev qui a autorisé la parution de "Une Journée dans la Vie d'Ivan Denissovitch", qui décrit la vie dans un camp de travail.
SAMIZDATS
Son oeuvre, notamment "L'Archipel du Goulag", une chronique des camps, ont été couronnée par le Prix Nobel de littérature en 1970.
Dans ses livres, Soljenitsyne dévoile les secrets du Goulag, un réseau de camps où des millions de Russes ont péri pendant les purges staliniennes. En dépit de leur interdiction à l'époque soviétique, ces ouvrages étaient distribués clandestinement en Russie sous la forme de "samizdats".
En 1974, Soljenitsyne sera déchu de la nationalité soviétique et expulsé en Allemagne de l'Ouest. Il s'installe en 1976 dans le Vermont, aux Etats-Unis, où il devient une icône de la résistance au totalitarisme.
En 1994, trois ans après la disparition de l'Union soviétique, Soljenitsyne avait effectué un retour triomphal en Russie en parcourant en train la distance de Vladivostok, sur la côte Pacifique, à Moscou.
A Troïtse-Lykovo, en périphérie de Moscou, où Soljenitsyne a passé ses dernières années, des passants lui rendaient hommage lundi en glissant des fleurs à travers les grilles de sa propriété.
"C'est une grande perte pour notre famille. C'est aussi une grande perte pour le pays. Il a toujours été heureux d'être revenu. Ici, c'est chez lui", a confié son fils Stepan à Reuters.
Après son retour, les dirigeants russes ont témoigné un grand respect à l'écrivain. Mais il est devenu de plus en plus critique, dénonçant la corruption et les influences occidentales dans la société née sur les cendres de 80 ans de régime soviétique.
Ces dernières années, il a mené une vie retirée, ne jouant aucun rôle perceptible dans la vie politique russe et paraissant rarement en public.
Une librairie du centre de Moscou expose ses livres les plus connus sous un grand portrait en noir et blanc de l'auteur.
Les chaînes de télévision et les stations de radio diffusaient en boucle lundi des reportages sur la vie et l'oeuvre de Soljenitsyne, mais certains jeunes Russes avouaient ne pas bien le connaître.
"Il est très célèbre. Je viens de commencer à lire son oeuvre. Malheureusement, je n'ai pas encore lu grand chose", admet Viktoria Danilova, 17 ans.
Source :
http://www.latribune.fr/info/Les-Russes ... =Politique