Liberté égalité, coup de gueule !

Bonsoir,

Nous sommes tous d'accord sur le fait que nous ne sommes pas ici pour faire de la politique. Toutefois, pour une fois que le bac philo comporte un sujet de philosophie "politique" (justement), je ne peux pas m'empêcher de pousser un petit coup de gueule.

Un des sujets proposé aujourd'hui s'intitule "La liberté est-elle menacée par l'égalité ?"

Très bien.

Cette opposition apparente entre les deux concepts est transcendée par la devise de notre République, que complète le parent pauvre de la trilogie, à savoir la fraternité. Cette opposition, je n'apprends rien à personne, est de plus fondatrice de l'opposition politique franco-française entre la droite (la liberté) et la gauche (l'égalité). Tout l'équilibre de la République, ceux qui sortent de la première année et des cours d'histoire constitutionnelle le savent bien, aura été de parvenir, tant bien que mal, à respecter les deux impératifs pour construire une société où liberté et égalité pondèrent justement les rapports sociaux.

La manière dont le sujet est proposé aux futurs étudiants me scandalise. Je suis littéralement scandalisé par le fait que l'on puisse faire prévaloir l'un des deux concepts sur l'autre, pire, que l'on puisse présenter l'un des deux comme une "menace". A lire et à relire le sujet, je me rends compte que son auteur confond clairement égalité et égalitarisme....Comment pourrait-on imaginer que l'on puisse un instant mettre en cause la Liberté, absolue, intangible, infrangible, irréfragable, La Valeur des Valeurs d'une société qui se voue à la "dérégulation" ? Voilà en fait ce que nous dit l'auteur du sujet, en fermant ainsi, dès sa rédaction, toute possibilité de débat...

N'est-ce pas, donc, d'une certaine manière présupposer, que notre devise, portée par l"article 2 de la Constitution, est bancale, et qu'il faut la lire dans l'ordre où elle est écrite : LIBERTE, égalité, [size=85:3j8yot6o]fraternité[/size:3j8yot6o]...

Je plains les pauvres chargé de TD qui vont récupérer, à la rentrée, les élèves qui auront brillamment planché sur un sujet biaisé d'avance, où transparaît une philosophie politique qui, en tout cas, n'est pas la mienne.

Je tiens enfin à préciser qu'un sujet intitulé "L'égalité est-elle menacée par la liberté ?" m'aurait tout autant scandalisé.

Fin du coup de gueule

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Nemo auditur propriam turpitudinem allegans

Pour moi, il y a deux hypothèses.

Première hypothèse : normalement, de mon temps en tout cas, un sujet proposé au bac devait permettre de vérifier que le programme "standard" de notre belle éducation nationale et républicaine avait été correctement assimilé. Donc, ici, il s'agirait de disserter de cette question à la lumière des philosophes étudiés dans le cursus, notamment de savoir ce qu'ils en ont dit, pensé et débattu au fil de l'histoire de la philosophie. Dans ce cas, ceux des candidats qui se seront laissé aller à leurs seuls états d'âme sur le sujet à la lumière des évènements d'actualité plus ou moins récents, d'ailleurs presque purement franco-français, vont se ramasser, d'après moi.
Mais il est vrai que la mystérieuse absence de la notion de fraternité dans la question risque de prêter à confusion, si elle fait référence à la devise bien connue.

Deuxième hypothèse : celle qui va dans le sens de votre intervention. La question serait alors à rapprocher de la deuxième proposée : "L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même ?" Dans le cadre de ma deuxième hypothèse et de la vôtre, la réponse serait plutôt oui, un bon exemple étant justement celui des profs qui ont concocté les sujets de philo au bac…

A lire les autres sujets proposés, dont certains ne sont pas piqués des vers non plus, on pourrait pencher en faveur de la deuxième hypothèse, peut-être à tort.

Pour conclure, je dirais que la levée des hypothèses ne serait possible qu'à la lecture de la "bonne solution" par ces profs eux-mêmes. A comparer avec celle des correcteurs, d'ailleurs.
Ce qui permettrait également de disserter sur un sujet plus ou moins ébouriffant : "Peut-on prouver une hypothèse scientifique ?", question à appliquer, ici, à un autre domaine que le seul domaine scientifique…


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Hors Concours

J'ai bien pesé tout ça mon bon bon Camille, après avoir lu le sujet que je trouve litigieux. Et je maintiens ma position. Il ne peut pas s'agir d'un sujet de cours, même déguisé, tout simplement à cause de la notion de "menace".

Un sujet plus classique aurait été "liberté et égalité s'opposent-elles ?" Ou encore, "l'égalité n'est-elle pas un frein à la liberté ?", et je pourrais en pondre encore cent, sans qu'aucun ne soit aussi polémique que le sujet du bac de cette année.

Savoir si une notion en "menace" une autre implique un jugement moral, un jugement de valeur, qui, à mon sens, ne relève pas de l'exercice demandé. D'ailleurs, sincèrement, peut-on réellement croire que dans le monde des idées, une notion peut en "menacer" une autre ?

C'est bien là tout le problème : on ne demande pas ici à des élèves de jouer avec des notions, de les opposer, de les transcender (Ah !! la dialectique...) pour aboutir à un libre jugement, mais bien de trancher une question qui transparaît justement dans les débats politiques et économiques actuels. Pour être plus clair, on est bien loin de la flèche de Xénon ou de la Stoa des sujets du passé...

Pour avoir regardé quelques corrigés proposés par des enseignants sur Internet, je peux vous dire que le sujet est bien abordé avec un oeil extrêmement contemporain. Les uns pointent bien sûr le National-Socialisme et le communisme soviétique comme les symboles de l'égalité menaçante, voire amputante, d'autres vont même jusqu'à évoquer le rôle de l'OMC dans le bien-être collectif...

Alors, on est où là ? Soit on est dans la connerie (désolé du teme, mais je n'en trouve pas de plus policé), soit on est dans la propagande déguisée...Je préfère encore pencher pour la première solution...

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Nemo auditur propriam turpitudinem allegans

Re-bonjour,
Oui, mais on pourrait, à mon avis, en dire presque autant de certains autres sujets ou de leurs formulations, même des années précédentes.

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Hors Concours

Certainement Camile. Mais je ne sais pas pourquoi, celui-là m'a particulièrement déplu.

Enfin, ça me passera.

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Nemo auditur propriam turpitudinem allegans

Bonjour,