Citation :Des légistes dénoncent le vide légal sur la pédophilie
Le crime sexuel commis contre un enfant ne fait pas l’objet d’une désignation spécifique dans les textes législatifs. Des avocats et des fonctionnaires demandent des règlements précis.
Certains obsédés sexuels sont attirés par de jeunes enfants ou adolescents. Souvent, ils vivent dans l’entourage de leurs victimes et abusent de cette position de confiance.
Certains obsédés sexuels sont attirés par de jeunes enfants ou adolescents. Souvent, ils vivent dans l’entourage de leurs victimes et abusent de cette position de confiance.
Un maniaque sexuel, ayant une attirance pour les enfants, est-il un pédophile aux yeux de la loi? «Non. En l’absence d’une loi spécifique sur le sujet, il n’y a pas de définition légale de pédophilie. Et c’est une grande lacune», estime Me Raouf Gulbul, avocat et ancien magistrat.
A ce jour, généralement parlant, l’exploitation des mineurs est punissable sous le Child Protection Act 2005 et sous le code pénal. Pourtant la pédophilie est un crime qui existe. La récente arrestation d’un suspect, inspecteur d’école primaire, interpelle. Me Yousuf Mohamed, avocat, souligne qu’il faudrait une loi spécifique pour «essayer d’enrayer la pédophilie».
Actuellement, le suspect d’actes sexuels sur un mineur peut être poursuivi pour inciting or causing a child to be sexually abused, conformément aux dispositions du Child Protection Act. Cette loi prévoit une peine d’emprisonnement maximale de 10 ans, ou de 15 ans s’il s’agit de l’exploitation sexuelle d’enfants handicapés.
«Même s’il n’y a pas de loi sur la pédophilie, la police peut toujours poursuivre une personne qui a eu des relations sexuelles avec un enfant. Il existe des lois», explique Me Yousuf Mohamed. Mais l’avocat précise qu’une loi spécifique contre la pédophilie sera plus efficace.
Avec les lois existantes, un maniaque sexuel est considéré dans la même catégorie qu’une personne qui ne l’est pas mais qui a quand même abusé sexuellement d’un enfant. Cette situation peut créer un amalgame et prêter à confusion. «Tous les violeurs ne sont pas des pédophiles. Le profil d’un pédophile est différent. Il est attiré par les enfants en bas âge ou, à la rigueur, qui viennent d’atteindre l’âge de la puberté. C’est une maladie dont beaucoup n’osent pas parler», explique Me Raouf Gulbul.
Lacunes dangereuses
Pour l’avocat, une définition légale du terme pédophilie permettra d’identifier clairement le profil d’un coupable. Me Yousuf Mohamed est aussi de cet avis. «La loi spécifique permettra d’identifier le profil d’un pédophile. Les éléments de la charge vont changer. Et en conséquence, les peines aussi», ajoute-t-il.
Pour Me Gulbul, l’identification peut être une mesure préventive, car ceux avec une tendance pédophile sont aussi employés à des postes qui les mettent en contact avec des enfants. «Certains diront que le certificat de moralité est là pour remédier à ce problème. Mais est-ce qu’une personne qui emploie un jardinier ou un maçon demande à voir ce document? Ces lacunes dans le cadre légal sont très dangereuses», explique Me Raouf Gulbul. «Il n’y a pas que les enseignants ou les conducteurs de vans scolaires qui sont en contact permanent avec des enfants.»
Après la définition légale et l’identification du pédophile, une autre étape s’impose, dit l’avocat : le suivi psychologique. Là encore, il existe des manquements dans les lois. «Une personne condamnée pour vol peut être placée sous surveillance policière à sa sortie de prison. Dans le cas d’un délit sexuel, aucune provision n’est faite dans la loi». Pour lui, il est extrêmement important que celui qui a un comportement de pédophile soit suivi par les autorités. Le risque de récidive «est trop grand».
Du côté du ministère de la Femme et de la Protection des enfants, on avance que ce problème a été soulevé à plusieurs reprises. «On est au courant qu’il n’y a pas de définition légale du mot pédophile à Maurice. Il y a eu plusieurs réunions au ministère où les amendements au Child Protection Act ont déjà été évoqués», affirme une source proche de ce ministère.
Elle rappelle que quand le Child Protection Act a été amendé en 2005, la pédophilie ne se posait pas comme un problème majeur. «Aujourd’hui, les données ont changé. Des cas sont mis au jour. Il va falloir prendre les mesures qui s’imposent».
A quand alors des amendements au Child Protection Act ou à l’adoption d’une loi spécifique sur la pédophilie? Dans l’entourage du ministère, on laisse entendre «qu’on travaille dessus». Me Yousuf
Mohamed souligne que la décision d’amender la loi relève de la volonté de nos parlementaires. «C’est à eux de prendre conscience de ce manquement dans la loi et d’y remédier. Tout dépend de la volonté des législateurs».
Quant à Me Raouf Gulbul, il juge que «c’est un problème grave qui nécessite une loi prioritaire».
Source :
http://www.lexpress.mu/display_search_r ... _id=115866
Comment peut-il y avoir un code pénal, avec une définition des "crimes sexuels" sans y avoir une partie spéciale, une définition spéciale et particulière de la pédophilie?