Il n'est pas dans mes habitudes de créer des sujets (j'ai plutôt vocation à en fermer ), mais je dois dire que je suis assez surpris que personne n'ait lancé le débat sur les réformes en cours, qui ébranlent le monde de l'enseignement jusqu'aux professeurs de droit ! et perturbent le fonctionnement des universités ...
J'essaie de résumer la situation pour ceux qui n'auraient pas suivi (on pourra approfondir si nécessaire) :
L'objet principal de la discorde, du moins dans les fac de droit, est le décret modifiant le statut des enseignants chercheurs. Il prévoit une modulation du service (qui se traduit par une charge + ou - importante d'heures de cours) et une évolution de carrière, en fonction d'une évaluation quadriennale de la qualité de l'enseignement et de la recherche.
Le gouvernement soutient que l'évaluation tirera la recherche vers le haut et permettra de rationaliser les charges d'enseignement, c'est à dire qu'un enseignant qui fait peu de recherche (ou de mauvaise qualité ?) se verra attribué plus d'heures d'enseignements. A l'inverse, un enseignant à la qualité de recherche exceptionnelle pourrait voir son service allégé. Le but est également que soit enfin reconnues à leur juste valeur les diverses responsabilités administrative et pédagogiques des enseignants (responsable d'année, direction de diplôme ...), qui seraient prises en compte dans l'évaluation.
Certains enseignants sont contre le principe même de ce décret.
D'autres dénoncent ses modalités d'applications, craignant notamment que sous couvert d'autonomie, une évaluation locale soit arbitraire et aient des effets pervers de clientèlisme. Ils demandent des critères clairement définis et une évaluation par le Conseil National des Universités, dont la décision s'imposerait au président d'université. Par ailleurs, cette réforme permettrait de ne pas augmenter (voir réduire) le nombre de postes, puisqu'on pourrait faire travailler plus (sans gagner plus) les enseignants en "modulant" leur service.
S'ajoutent à cela des protestations plus générales (plus affirmées dans d'autres types de faculté), sur le sous financement des universités et de la recherche ou encore la réforme du mode de formation des enseignants du primaire (la "masterisation"), qui touche donc indirectement la formation des futurs étudiants.
Les politiciens n'ont pas tardé à mettre leur nez dans l'affaire. En gros l'UMP et ses satellites soutiennent aveuglément le gouvernement, tandis que l'opposition soutient ouvertement le (toute forme de) mouvement social. Il y a donc une véritable bataille d'opinion, parfois à coup d'instrumentalisation de la presse, il faut donc être vigilant et critique quans vous lisez/entendez un avis.
Voilà le tableau, mais il est surtout important de recueillir l'opinion des étudiants. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, dites simplement ce que vous pensez de tout ça!
Quelques pistes de réflexion :
Mouvement corporatiste ou mouvement sincère pour la défense de l'université ? Instrumentalisation des étudiants ou sommes nous vraiment concernés ?
Y a t il du bon dans la réforme ou faut il un retrait pur et simple ?
Soutenez vous les diverses modalités d'action (rétention de notes, grèves avec ou sans maintien des cours, blocages, journées de manif ...) ou êtes vous préoccupé avant tout par le bon déroulement de votre année ?
Quel est l'état et la forme de la mobilisation dans votre fac ?
...
Liste de thèmes non limitative, pour lancer le débat. Exprimez vous librement !
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«Everyone is entitled to his own opinions, but not to his own facts.» (Pat Moynihan)
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Bonjour,
J'espère que ça finira en guerre civile, la lutte des classes c'est pas terminé
Il faut que cette réforme soit retirée car elle fait plus de mal que de bien. L'an dernier nous avions plus d'heures mais aussi plus de culture générale et cette dernière est importante pour les concours mais...aussi pour soi.
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Jean Foyer : « Le juge de l’administration : l’administration de ce juge. »
"Juger l’administration c’est encore administrer ».
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-université d'excellence dans le magazine "Challenge" de juin 2009-
Dans ma fac le mouvement n'est pas grand, au départ on a avait quasi tous les profs grévistes, puis au moment de passer à l'action 2 profs et au final plus qu'un la semaine passée. Et les profs des autres filières que le droit ne manifestent pas.
Perso je peux pas juger, seuls les profs parlent de cette réforme et je ne trouve pas qu'ils soient forcément objectifs.
Quand je les entend j'ai plutôt l'impression que ça les embête de risquer de travailler + s'ils ne passent pas assez de temps sur les recherches. Ça me semble plutôt fainéant de leur part.
D'un autre côté il me semble avoir entendu que ce n'est pas une question de temps passé à la recherche, mais plutôt le fait que ceux qui recherchent n'arrivent pas à publier, et que c'est le critère du nombre d'articles publiés qui serait tenu en compte . Dans ce cas là c'est plus délicat.
En tout cas, je ne suis pas du genre à faire la grève. D'après mon prof de liberté publiques, ne pas vouloir faire la grève ce n'est pas faire la politique de l'autruche pour autant ( j'aime bien cette expression )
En tout cas, je ne me suis pas trop renseignée sur cette réforme, donc je ne me suis pas encore positionnée. Je vous fais juste part de ce que j'ai entendu à droite à gauche.
Un super bon documentaire sur le sujet. Merci de participer au débat une fois le film regardé
En fait, non seulement la réforme est mauvaise, non seulement la vision sarkoziste (je caricature, pour faire simple), tue la culture, l'enseignement et la recherche, mais c'est l'Europe qui est à la base de ce démantèlement!
Nous tentons de lutter tant bien que mal, mais j'ai peur que ce genre de mesures ne passent en force et s'imposent à nous, petits mortels.
Et on va bouffer, ça c'est sûr.[/url]
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" Oderint dum probent. "
Brestois expatrié à Lyon
Bonjour,
Ce qui est quand même curieux, c'est que chaque fois qu'on cherche à "dégraisser le mammouth", que la vision soit mitterrand-iste, -ienne, chirak-iste, ienne, sarkhoz-iste, -ienne, c'est le tollé général et la levée de boucliers.
Résultats des courses, rien ne bouge et, en tout cas dans les domaines techniques/scientifiques, l'écart se creuse dangereusement entre l'université française et ses homologues - ne serait-ce qu'européennes - qui, elles, ont sû prendre le bon virage depuis longtemps.
J'ai un peu peur qu'en France, une réforme de l'enseignement soit toujours, "per definitionem", considérée comme mauvaise.
(à titre perso, de ce que j'en ai entendu dire, la réforme en question ne me paraît pas plus mauvaise qu'une autre et me parait plutôt souhaitable : je ne vois pas du tout pourquoi il serait anormal, dans le principe, qu'on puisse évaluer le travail d'un chercheur et qu'on en tire des conséquences si on en conclut que le "chercheur" n'a rien foutu ou presque)(parce qu'il est bien là le problème principal)(mais, "faut surtout pas le dire !").
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Hors Concours
Camille, donc tu ne considères pas plus mal qu'autre chose le fait que la transmission des connaissances soit une punition et que de l'autre la recherche soit la partie noble du métier.
Faut pas oublier que le directeur de l'université est un chercher dans UN SEUL DOMAINE, et on va lui demander de juger le travail de recherche de ses collègues dans d'autre domaines. Tu ne trouves donc pas plus mal qu'autre chose qu'un docteur en pharmacie juge du travail de recherche d'un juriste. C'est le cas à l'université de Strasbourg.
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"....durant les années en cause, ladite commune invitait les promoteurs immobiliers sollicitant des autorisations d'urbanisme à effectuer des contributions volontaires aux finances locales ainsi que les poursuites dont le maire a fait l'objet pour ces faits; ... justifiant suffisamment que la dépense litigieuse a été faite dans l'intérét de la société et peut, dès lors être déduite de ses résultats imposables..." CE 24/05/2006 "M. Genestar"
A Camille,
sur l'évaluation : le décret prévoyait que les EC évalueraient les autres (mais un prof de math pouvait évaluer un juriste...) Le président va avoir des grands pouvoirs avec tous les risques de copinage. L'activité administrative n'est pas prise en compte pour les horaires de travail. Un prof qui verrait son service augmenté de manière significative verrait son salaire resté le même voire baisser dans certains cas.
Autres choses : les profs SONT évalués de nombreuses fois dans leur carrière individuellement ou par le biais de leur labo. Ils ne critiquent pas le principe de l'évaluation mais une évaluation par leur paire de manière objective. Enfin, notre cher président a lu un discours le 22 janvier qui a fortement déplu (c'est le moins qu'on puisse dire) ce qui n'a pas contribué au dialogue.
Quant aux chercheurs étrangers, ils publient peut être plus, mais souvent des articles similaires (je dois croire mes profs sur ce point) et sont beaucoup mieux payés.
Donc autant comparer ce qui est comparable.
Bonne soirée
Enfin un peu d'effervescence ! J'ai rajouté un ptit sondage ...
Aller je jette un peu d'huile sur le feu. Moi ça m'énerve tous ces témoignages montés en épingle, de profs vertueux qui affirment être constamment évalués et que le décret n'y changera rien ... ok mais ne seraient ils pas l'arbre qui cache la forêt ?
Le système actuel n'évalue que ceux qui veulent bien se faire évaluer et n'évalue pas ... ceux qui ne cherchent pas, tandis qu'avec le décret, les brebis galeuses ne pourront plus se cacher au milieu du troupeau.
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Bonjour,
Bonjour,
Bonjour,
Camille:
Si on dit aux chercheurs: "Vous ne publiez pas assez, allez donner plus de cours." Donc le fait de donner des cours en plus est une punition, de l"insuffisance" de la recherche. Donc en considérant comme une punition à la recherche, on dévalorise l'enseignement par rapport à la recherche.
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"....durant les années en cause, ladite commune invitait les promoteurs immobiliers sollicitant des autorisations d'urbanisme à effectuer des contributions volontaires aux finances locales ainsi que les poursuites dont le maire a fait l'objet pour ces faits; ... justifiant suffisamment que la dépense litigieuse a été faite dans l'intérét de la société et peut, dès lors être déduite de ses résultats imposables..." CE 24/05/2006 "M. Genestar"
Je suis d'accord pour dire que certains chercheurs se tournent les pouces mais j'ai la faiblesse de pensée que c'est une minorité.
Ensuite, l'activité administrative c'est la présence aux CA, CS, CEVU et autres comités (donc la fac est très friande), c'est la correction des copies, le suivi des étudiants en M2 ou en thèse, la paperasserie lorsqu'on est directeur de diplôme, la recherche de financement et je pense que j'en oublie. Tout ça pour dire qu'un EC ne fait pas soit de la recherche soit de l'enseignement.
Ensuite, les profs sont évalués à leur entrée dans le corps, lorsqu'ils veulent passer d'une classe à l'autre... Par ailleurs les modalités d'évaluation posent problème. Il faut publier 4 articles dans une revue de niveau A selon l'AERES. Tout d'abord des rumeurs font valoir que la rtd civ ne serait pas catégorie A! Par ailleurs quand bien même ce serait une catégorie A, il y a une douzaine d'articles de fond publiés par an (il faut plus d'un an pour être publié) alors pour publier 4 fois en 4 ans je crois qu'il va falloir s'accrocher!
Voilà qui va peut être un peu calmer le mouvement :
http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
Personnellement ça m'arrangerait car certains profs disent qu'ils ne comptent pas rattraper, et qu'on sera interrogé seulement sur ce qu'on a vu en cours, le hic c'est que ça me fera arriver en master avec des lacunes à combler.
PS : j'ai sélectionné " quel beau métier professeur ! "
Déjà que tout ce que j'entendais de mes profs me démotivait pour partir en recherche, cela ne fait que me conforter dans l'idée d'un master pro
Bonsoir,
Après avoir lu les différents messages, j'ai quelques remarques à faire :
de mon coté je la trouve pas si mal que ça cette réforme. J'ai été chargé de td trois ans, quand je pense aux 30 % (au moins) d'enseignant qui ne publient jamais, ne lisent pas les copies d'examen ( c plus rare mais j'en connais) ou 1 partiel sur 3, ne participent à rien ds l'université y compris aux jury, pour se consacrer soit :
- avocat / consulting ( attention ya aussi des surhommes qui font les bons cours, publient tt les matins, sont avocats, accessibles et sympa mais bon c comme les poissons volant ça court pas les rues)
- partis politique,
- fanfaronner devant la machine à café
- s'entraîner pour des activités sportives
je trouve l'évaluation quadriennale du meilleur effet. En revanche la notation par le pdt de la fac pose des difficultés certaines dans les établissement pluridisciplinaires. J'imagine des notes de jurisprudences et la notion de XXX ds la pensé du prof machin évalué par, dans mon cas rémois, un pharmacien. Là, le directeur d'ufr pourrait intervenir ou un collège de type commission de spécialistes pour auditionner les collègues qui présenteraient leurs travaux.
faut aussi dire qu'avec un doctorat 1700 euros pour les MCF c ridicule. Le pauvre type qui se fait recruter à 30 ans dans la fac de ses rêves au hasard à Paris II ne peut même pas en vivre avec le prix des loyers, des transports en commun et de la nourriture il lui reste rien bonjour la fondation d'une famille.
Peux-t-on qualifier une simple note de jurisprudence comme une publication? Ça ferait marrer beaucoup de monde. D'autant plus que ça apporte rarement. A part les chroniques de 15 pages que personne ne lit ou presque (le fait qu'on y retrouve souvent un résumé n'aide pas).
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"....durant les années en cause, ladite commune invitait les promoteurs immobiliers sollicitant des autorisations d'urbanisme à effectuer des contributions volontaires aux finances locales ainsi que les poursuites dont le maire a fait l'objet pour ces faits; ... justifiant suffisamment que la dépense litigieuse a été faite dans l'intérét de la société et peut, dès lors être déduite de ses résultats imposables..." CE 24/05/2006 "M. Genestar"